Ikagi, histoire d’un solipsisme ordinaire

David Calvo a cette manière de vous plonger dans sa prose, de vous noyer d'impressions. Quand en plus il touche une de vos cordes sensibles, ou que son récit trouve une résonance en vous, l'expérience devient vraiment personnelle. Dans ikagi, il raconte l'histoire d'un type (lui ?) oublieux de sa propre mécanique, négligeant avec son corps, pour qui l'heure du bilan est arrivée. Ce type, ...

... il avait l impression de mourir depuis tellement longtemps, pourrir depuis ses dix huit ans, ne jamais mettre les pieds chez un médecin par peur de devoir affronter des chiffres impossibles issus de son propre sang, ses globules, numérotés, et sa peur de voir basculer un rêve qu’il n’avait jamais encore remis en cause, celui de l’immortalité, d’un psychisme protégeant des blessures.

Marrant, c'est très exactement la réflexion que je me faisais la veille, en parcourant un trottoir ensoleillé de Lyon. J'ai du mal à me mettre dans la tête que les Français sont gros consommateur de médecins, moi qui n'y vais jamais. Se soigner ou ne pas se soigner ? Où est l'équilibre entre l'hypocondrie et un solipsisme empreint d'invincibilité ? Derrière ce personnage, je vois les gens qui, comme moi, ne veulent pas de ce jour du bilan, ni de ces diagnostiques qu'il faudra assumer. Finalement, qui ne veulent pas regarder la vieillesse en face, oublier le temps qui passe. Tout ces gens qui croient que ça n'a pas de prise sur eux.

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