Sans parler du chien

sans parler du chien - couverture La science fiction qui s'intéresse au voyage temporel s'aventure toujours sur un terrain glissant, les lecteurs de SF étant bien moins prompts à pardonner les erreurs et les incohérences que, disons, les lecteurs des romans de Dan Brown. Néanmoins, Connie Willis s'en tire brillamment avec deux prix Hugo pour deux romans basés sur le voyage dans le temps. Dans Le Grand Livre et Sans parler du chien, Willis nous raconte les aventures d'historiens anglais du Collège Balliol (Université d'Oxford) dans les années 2050. Et, bien que ces deux romans soient tout à fait indépendants l'un de l'autre, il est intéressant de les lire dans l'ordre pré-cité (qui est l'ordre de leur parution en version originale).

Le Grand Livre met en scène le transfert d'une étudiante en histoire au XIVème siècle dans la proche banlieue d'Oxford, au début de l'épidémie de peste noire qui ravagea l'Europe. Difficile de trouver de quoi sourire dans ce roman à la fois sombre et désespéré, où l'héroïne se démène pour alléger les souffrances de ses proches et tenter de regagner son époque. Ce roman est si sombre que finalement le dénouement est ressenti comme un happy end à l'américaine, alors que ce n'est pas vraiment le cas. Les lecteurs uniquement francophones passerons à coté de l'allusion du titre original, Doomsday Book, dont le sens premier est explicité dans le roman, mais qui fait aussi référence au Jugement Dernier. Cela prend toute sa signification dans le récit.

Sans parler du chien est quant à lui bien plus léger. Comme l'expliquent les nombreuses critiques sur Noosfere, il contient des centaines de références à la littérature victorienne. Quoi qu'il en soit, on peut tout à fait se délecter de ce roman sans avoir jamais rien lu d'antérieur à 1920. Et c'est ça qui compte. Les personnages sont bringuebalés avec beaucoup d'humour et d'ironie de kermesse en séances de spiritisme et de bombardements en balades en canot tout en essayant de préserver le continuum contre les paradoxes temporels. Les dialogues décalés, les personnages déphasés par leurs sauts dans le temps, les jeunes filles romantiques et écervelées, le goût de l'ère victorienne pour la décoration surchargée, tout est prétexte à l'humour et à la critique. C'est un roman bien plus complexe que Le Grand Livre, plus drôle, et certainement plus abouti. Même si les deux sont très bons, Sans parler du chien est résolument le meilleur des deux.

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One comment

  1. Connie Willis assure vraiment :
    Sans parler du chien est un super roman de SF, drôle, du début à la fin donc, à lire malgré son épaisseur ...
    Le Grand Livre, brille par son "réalisme" et la cohérence des situations, l'histoire est vachement prenante.

    Merci pour les cours sur bash, ils complète mon O'reilly !

    Ton

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