Spin

spinRobert Charles Wilson, que jusqu'à présent je ne connais pas, a produit avec Spin un bien bel ouvrage. Comme le souligne d'ailleurs Bruno Para dans sa critique de Spin sur Noosfere, Wilson nous livre ici un vrai prix Hugo. C'est à dire un très bon roman de vraie science fiction, ce que, semble-t-il, le prix Hugo n'avait pas récompensé depuis plusieurs années. Dans Spin, Wilson nous raconte comment l'humanité fait face à ce qui a tout l'air d'être le compte à rebours vers la fin du monde. Au travers de ses personnages très bien travaillés pris dans la tourmente, l'auteur nous livre ses réflexions humanistes sur le sens de la vie, celui de la religion, sur ce qui fait vivre l'Homme, sur ses faiblesses et ses attentes. Il égratigne aussi au passage la politique sécuritaire américaine telle qu'elle s'est développée depuis le 11 septembre 2001, mais sans jamais alourdir le récit par un discours revendicatif.
Le format du roman, son rythme, et la thématique d'un événement révolutionnaire qui va affecter toute l'humanité, ne sont pas sans me rappeler l'Échelle de Darwin de Greg Bear. Mais cette comparaison se fait sur la base de souvenirs lointains, pas forcément représentatifs de la réalité littéraire.
À noter que Spin devrait recevoir une suite, Axis, dans le courant de l'année 2007 (en VO.).

edit : allégement stylistique...

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Le Calculateur : résultat mitigé

Les âmes dans la grande machine J'ai terminé ce week-end le premier tome paru en poche du roman de Sean McMullen, Les âmes dans la grande machine : Le Calculateur. Globalement, ce premier tome est plaisant, suffisamment pour que j'y repense de temps en temps et que je guette la sortie du second. L'action se passe dans un monde post-apocalyptique qui a perdu la maîtrise de l'électricité pour des raisons que le lecteur découvre vers la fin de ce volume.
Les âmes dans la grande machine est résolument un roman d'action, les vies menacées, les voyages périlleux et les combats sont nombreux. On peut sans doute dire que ce roman est particulièrement violent dans les idées qu'il véhicule. La société qu'il décrit est parfaitement inhumaine : la promotion sociale, la justice, tout ou presque se règle à coup de pistolet. Les duels sont légions, les vendettas peuvent être autorisées par un juge, et les carrières se font et défont dans des nuages de poudre et de sang. Si l'esclavage et les enlèvements sont le moyen le plus direct pour atteindre un but, alors on s'y adonne sans retenue. Bref, d'un point de vue uniquement humaniste, ce roman est assez puant. Mais comme mentionné plus haut, c'est un roman d'action, et le décors n'est pas là pour faire réfléchir, il est là pour donner aux héros les moyens de réussir. Je devrais d'ailleurs dire héroïnes, car comme le souligne Jean-Pierre LION dans sa critique des deux tomes, les hommes sont tous des pauvres types, et bien que les femmes soient aussi antipathiques que ces derniers, ce sont elles qui portent la culotte.
Nul doute que Les âmes dans la grande machine sera vite oublié, mais il fait une lecture assez agréable, même si il ne mérite peut être pas deux volumes.

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La chute du dragon

couverture de Dragon Dechu Inutile d'y aller par quatre chemins, la Science Fiction de Peter F. Hamilton est très bonne. Je me suis régalé avec Dragon déchu. Et même si ce roman est moins spectaculaire que l'excellent cycle L'Aube de la nuit, cela reste un livre qu'il est difficile d'abandonner avant de l'avoir fini. Comme certains le font remarquer, la quatrième de couverture est absolument nulle. Elle gâche une partie de la surprise du roman, et elle est même en partie fausse. Bref, ne la lisez pas, elle trahi l'histoire.
Fans de SF, courez acheter Dragon déchu, puis enchaînez sur le cycle de L'Aube de la nuit.

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Indispensable Greg Egan

On ne peut pas aimer la Science Fiction et être insensible à Greg Egan. Cet auteur de SF dite "dure" nous a gratifié de bons romans par le passé, mais j'ai toujours trouvé qu'il gâchait les fins. L'histoire va crescendo et la fin retombe comme une crêpe à côté de la poêle.
Pourtant, Egan est capable de mieux, et il nous le prouve dans son recueil de nouvelles Axiomatique, enfin paru en France après 11 ans d'attente. Si quelques unes sont moyennes, la grosse majorité de ces 19 nouvelles est d'une grande qualité. On peut être mauvaise langue, et arguer que la qualité de ces textes tient à ce qu'ils sont trop courts pour qu'il puisse en gâcher la fin. Je pense que ce n'est pas tout à fait faux. Les fins sont taillées dans le vif, le lecteur ressent invariablement le manque d'un dénouement qui lui est volé. C'est toute la beauté de ces nouvelles, et toute la force de l'auteur. Et le meilleur dans tout ça, c'est qu'il en existe plein d'autres qui ne sont pas encore publiées en France.

Finalement, j'ai découvert cette année d'excellents recueils de nouvelles. Entre le très humaniste Ted Chiang et sa Tour de Babylone, le perturbé et perturbant Acide Organique de David Calvo, et Axiomatique d'Egan il y a de quoi se dépayser avec grand bonheur.

Bonnes lectures.

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Le monde doit savoir

Oui, le monde doit savoir que le dernier roman de Iain M. Banks est une daube. L'Algébriste il s'appelle. Il est sorti chez Bragelonne parce que les éditeurs habituels de Banks n'en voulaient pas, dit-on. Et pour enfoncer le clou, sa couverture est horrible, à tel point qu'elle m'a fait hésiter, alors que j'adore l'écrivain. Où est le Banks qui a créé ce fabuleux cycle de la Culture ? Pas entre ces pages indigestes en tout cas.
Si j'en crois Delicious Library, j'ai acheté ces 470 pages le 4 novembre (j'ai depuis longtemps brûlé le ticket de caisse dans un sursaut expiatoire), et depuis j'en ai laborieusement lues 128. Impensable. Déjà avec la Plage de Verre, il avait orienté son écriture hors de son terrain d'excellence, produisant un récit un peu terne. Étant bon public, j'ai trouvé ce roman empreint de plus de réaliste et de cynisme que ceux du cycle de la Culture. Et même si je partage la plupart des réserves faites à son sujet, la Plage de Verre m'avait globalement plu, sans néanmoins déclencher aucun enthousiasme.
L'Algébriste par contre, c'est du lourd. On a l'impression de lire un roman de jeunesse, une sorte d'erreur qui aurait été gardée dans un placard et sortie par inadvertance. ne faites pas comme moi, laissez-le là où vous l'avez trouvé.

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La Tour de Babylone

En général, quand on lit plusieurs nouvelles ou romans d'un auteur, on arrive à reconnaître son style (même au travers de la traduction). C'est le cas par exemple de Iain Banks, Tim Powers, ou William Gibson.
Cela ne s'applique pas à Ted Chiang. Ce dernier est l'auteur de huit nouvelles tout à fait intéressantes regroupéés en France dans le recueil "La Tour de Babylone". Ted Chiang a étalé son travail d'écriture sur plus de dix années pour produire ces huit petits trésors. Cela lui a permis d'acquérir un style unique pour chaque histoire, faisant de ce recueil un vrai régal pour les amateurs de nouvelles et d'histoires courtes. C'est une lecture que les fans de fantastique humaniste et de science fiction ne pourront pas laisser passer.

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Un improbable Cycle de la Probabilité

Je suis sur le point de finir la lecture de la trilogie "Le Cycle de la Probabilité" de Nancy Kress. Même en cumulant les tares de fan de SF et de bon public, je m'avoue plutôt déçu par ces romans. Je ne saurai dire quelle part de déception est due à la traduction et quelle part est due au texte original, il me faudrait lire la saga en VO pour trancher. Il est clair cependant que la traduction est incohérente. D'un volume à l'autre la traduction de certains termes changent ("un dixjour" dans un tome, "un jourdix" dans un autre). Des erreurs font surface dans la terminologie (un "faucheux" à la place d'un "faucheur") ou dans les données chiffrées (la gravité de Monde passe de 0,9 à 1,9 fois celle de la terre par exemple). Tout cela manque d'une relecture rigoureuse. Pourtant si on en juge par les passages littéralement copiés-collés d'un tome à l'autre, on pourrait se dire que c'est autant de temps gagné pour parfaire les finitions. Il n'en est rien. Certains passages par contre présentent clairement des erreurs et des incohérences dans la narration. À moins que les traductrices aient très mal fait leur boulot on peut sans aucun doute attribuer ces défauts à l'auteur. Partant de là, je ne vois pas bien ce qui peut justifier le "prestigieux John W. Campbell Award pour le meilleur roman de S. F.".

Quoi qu'il en soit, le premier tome est agréable à lire, mais sur la durée du cycle, auteur et traducteurs trébuchent, et c'est dommage.

  1. Réalité Partagée
  2. Artefacts
  3. Les Faucheurs
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