Pour moi, la bande dessinée est un mélange complexe de narration et d'esthétique : la qualité de la composition et les choix graphiques participent de la narration presque autant que le scénario. J'apprécie d'autant plus une BD qu'elle parvient à associer un scénario fort et surprenant à une illustration réussie. Comme je ne suis pas de ceux qui passent des heures debout ou assis par terre dans les rayons des librairies à lire des BD, mes achats se font surtout sur la base d'un ressenti général. C'est à dire que je choisi "à la gueule du client" : couverture, couleurs, qualité de l'illustration, composition générale des planches, quantité de texte...
Une personne chère à mon cœur m'avait fait découvrir le premier tome de Blacksad. J'avais alors été séduit par les illustrations à l'aquarelle, la composition dynamique et colorée et le scénario sympathique. Donc quand j'ai acheté les 3 volumes parus, ce n'était pas tout à fait un achat en aveugle. Malheureusement, si on peut dire, le scénario n'est qu'agréable. Sur la durée, il accumule les clichés et ne surprend pas le lecteur. Il est distrayant, sans plus. C'est d'autant plus dommage que l'illustration est très bonne, pour peu qu'on aime le style. Alors peut être que je suis blasé, mais je pense qu'il n'est pas déplacé de comparer les scénarii de Blacksad avec ceux de Nestor Burma. Cela dit, c'est de la très bonne BD pour ado et pré-ado. Les fans d'histoires tordues, de révélations surprenantes, de dénouements complexes pourront passer leur chemin, à moins de tomber amoureux de l'illustration. Je ne peux que souhaiter au dessinateur Juan Jo Guarnido de trouver d'autres scénarii sur les quels exercer son indéniable talent.