Norwegian Wood

Il y a moins de deux ans, je me suis délecté à la lecture du roman de Murakami (Haruki), La ballade de l'impossible, aussi connu sous le titre Norwegian Wood. Quand une amie japonaise m'a annoncé que le livre allait faire l'objet d'une adaptation cinématographique, j'ai été enchanté. Et j'ai attendu. Longtemps. C'est toujours plus long quand on attend, n'est-ce pas ?
Quand un cinéma de Lyon a programmé le film en avant-première, je me suis tout naturellement précipité. Malheureusement, la déception est à la hauteur de mon attente. Le film est long et ennuyeux. La musique trop forte tombe souvent dans le cliché, tuant du même coup les scènes qu'elle est censée accompagner. Les images sont parfois juste moches, et la quantité de plans ou de séquences qui valent le coup d'œil est négligeable. Bref, on se fait chier. Tant et si bien que certains spectateurs sont sortis avant la fin, que d'autres n'ont pu s'empêcher de rire comme des potaches pendant les dialogues un peu crus… Je ne peux même pas leur en vouloir, et pourtant je ne supporte pas d'être dérangé quand je regarde un film, c'est dire à quel point cette adaptation de Noruwei no mori par Anh Hung Tran est décevante !

edit : On peut lire sur le site de télérama un commentaire assez affligeant :

[le film] troque l'âpreté du livre contre un lyrisme contemplatif

La personne qui a écrit ça n'a pas lu le lire, et sans doute pas vu le film. Le roman est tout sauf âpre. Quant au lyrisme du film, il n'est pas contemplatif, la musique tarte-à-la-crème est bien trop intrusive pour ça.

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Rattrapage cinématographique

Ça faisait un moment que je n'avais pas parlé des films récemment vus. Voici les quatre derniers en date.
TRON: Legacy : encore un film qui me donne envie de résilier mon abonnement UGC. De la 3D inutile, un confort visuel amoindri, et une image perturbée et assombrie par des lunettes de merde. C'est un immense ras-le-bol que je souhaite exprimer ici. Le meilleur cinéma est celui en 2D numérique. C'est celui qui offre la meilleure qualité d'image, le meilleur confort visuel, et donc le plus de plaisir. La 3D systématique et surtaxée, c'est fini. J'ai donné une dernière chance à cette technologie avec TRON: Legacy. Là où le bas blesse, c'est que les films projetés en 3D sont de moins en moins souvent projetés en 2D, l'équation est simple : si je ne peux pas voir les films que je veux dans les conditions que je veux, alors je ne vais plus au cinéma.

Si vous voulez voir Jeff Bridges dans un bon film, allez plutôt voir True Grit. Des bons cowboy crasseux en 2D, y'a que ça de vrai. Un seul bémol : la fin est bâclée, on a droit à une scène de chevauchée sur fond vert, et côté scénario l'épilogue est un peu faible.

Affiche du film Never Let Me GoDans la série "Amérique crasseuse", Winter's bone vous plongera dans une ambiance glauque et violente, façon redneck. Une sorte de western moderne, finalement. À voir si vous aimez le genre.

Pour finir, Never let me go est sans doute le film de cette liste qui m'aura le plus intéressé. C'est une histoire de science fiction uchronique, dont tout repose sur des questions de bioéthique et de clonage. Pourtant, l'auteur esquive brillamment ces questions, et parvient à nous plonger dans une distopie romantique et inéluctable. Je vais certainement ajouter le roman original à ma liste de lecture.

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Kaboom

Je vois régulièrement des films un peu étranges, cependant, je crois bien que Kaboom, de Gregg Araki bat tous les records. Même l'Attaque de la moussaka géante ne peut pas totalement rivaliser.
Kaboom est un OVNI. C'est à la fois une terrible erreur, et un fabuleux pied de nez au cinéma "classique". Il est filmé n'importe comment et pourtant cela ne peut être que volontaire. Certaines images sont très belles, d'autres sont d'une qualité affreuse. Les filles sont supposées être canon, mais elles sont filmées en général de manière (très) peu flatteuse. L'intrigue est complètement nulle, le dénouement est à mourir de rire et il n'y a aucune morale à l'histoire. C'est un pur chef-d'œuvre gay et lesbien (et transgenre et autre) à voir absolument en V.O. pour ne pas rater certaines répliques intraduisibles.
En tout cas, on ne s'ennuie pas, donc si vous ne prenez pas tout au premier degré et que vous aimez les surprises décalées, allez voir Kaboom (puis quand même, elle est mignonne Juno Temple, hein).

Thomas Dekker in Kaboom

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Mother, et mon genou

affiche du film MotherOn doit déjà à Joon-ho Bong quelques petits bijoux : Memories of Murder, The Host, ou encore le très poétique court métrage Shaking Tokyo. Je m'attendais donc tout naturellement à une bonne surprise avec son dernier film : Mother. Malheureusement, il semble que Joon-ho Bong se soit assagi. Les acteurs sont très bons, mais le scénario n'est pas à la hauteur, et la sauce ne prend pas. C'est un peu mou du genoux.
D'ailleurs, en parlant de genoux, on a fait plus confortable. Le film ayant une diffusion presque confidentielle, la seule copie lyonnaise est projetée dans un CNP. Je n'ai rien contre les initiatives culturelles, ni contre les passionnés qui nourrissent de leur sang ces petites salles pour les faire vivre. Mais cette fois encore, j'ai mis deux jours à m'en remettre physiquement, avec des douleurs dans les genoux, et, dans une moindre mesure, dans le dos. Si on fait plus d'un mètre cinquante et qu'on a la moindre considération pour les spectateurs assis derrière soi, on ressort des CNP perclus de douleur.

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Mr. Nobody

Affiche du film Mr. NobodyMr. Nobody, c'est le film du mois. Peut être même celui de l'année, même si il peut sembler tout à fait pessimiste, vu que l'année démarre à peine, de s'avancer autant. Fans de 3D-qui-pique-les-yeux passez votre chemin, Jaco Van Dormael (scénariste et réalisateur) nous emmène sur le terrain de la romance fantastique, sur fond de drame et de science fiction. À moins que ce ne soit l'inverse, comment être sûr ?
Comme Van Dormael le dit lui même :

C’est un film sur le doute… mais je peux me tromper

Van Dormael brouille les pistes, tout devient possible. Ainsi, Nemo mène douze vies en parallèle. Le spectateur est baloté de l'une à l'autre à chaque fois que le jeune Nemo explore un de ses futurs possibles. Tout commence sur ce quai de gare, quand il doit faire le choix, douloureusement impossible, entre sa mère et son père.

extrait mr nobody

Malgré quelques métaphores un peu trop appuyées, ce film est une grande réussite, sensible, esthétique, romantique, dramatique. Il est servi par de jolies images et de magnifiques acteurs, ils sont bons, et ils sont beaux.
Juno Temple as Anna L'affiche fait la part belle aux rôles des adultes, avec un Jared Leto (Némo) entouré de très belles femmes comme Diane Kruger (Anna) et Linh Dan Pham (Jeanne). Il ne faut pourtant pas oublier Juno Temple, superbe en brune pulpeuse (quel regard !), dans le rôle d'une Anna adolescente, et Toby Regbo, parfait dans le rôle de Némo à 16 ans.
Si on s'arrêtait là, ce ne serait déjà pas mal. Une belle réalisation, esthétique et onirique, un bon scénario, de bons acteurs… Mais ce n'est pas tout : la bande son par exemple est tout à fait à la hauteur et joue un rôle important. Van Dormael a aussi eu l'excellente idée de laisser François Schuiten faire la conception graphique du futur.
Courez voir ce film !

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Left handed / 扉のむこう

Le japon moderne est aussi connu pour sa gastronomie que pour ses phénomènes socio-culturels. Si l'occidental un peu geek a déjà entendu parlé des otaku, le phénomène pathologique des hikikomori est bien moins connu. Les hikikomori sont souvent des jeunes garçons qui commencent par abandonner leur scolarité. Le phénomène se caractérise par une réclusion volontaire, un enfermement total qui peut durer plusieurs années.
Left handed est une sorte de docu-fiction qui présente l'hikikomori, autant pour le public japonais que pour le public international. Le mélange des genres n'est pas forcément évident à distinguer, mais le casting ne laisse aucune ambiguïté. Seul le personnage de la mère est interprété par une actrice (de theatre). Les autres rôles sont tenus par des amateurs, par d'anciens hikikomori, et le psychologue joue même son propre rôle sous son vrai nom.

left-handed_hiroshiback

Left handed est un film sensible, sur un problème d'autant plus douloureux qu'il est difficile pour des japonais d'accepter de se faire aider. Le poids du regard des autres est important, et la honte empêche trop souvent les parents de trouver de l'aide auprès de spécialistes.
Je pense que c'est un film à voir si vous en avez l'occasion, et si le problème vous intéresse. Si vous cherchez de l'action, où même une simple distraction, passez votre chemin :).

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Éléphant rose, Bouddha et dégât des eaux

god-man-dogLe festival du film asiatique de Lyon se poursuit, et même si je ne suis finalement pas allé voir Vampire Girl vs Frankenstein Girl, j'ai découvert trois films de plus.
Le premier, Khan Kluay 2, est un film d'animation thaïlandais en image de synthèse. Disons que c'est un film pour enfants. Là où Pixar, DreamWorks, ou Sony Picture nous proposent des films tout public, les thaïlandais ciblent plutôt les moins de 10 ans. j'ai mis pas mal de temps à rentrer dans le film, je n'ai pas vraiment accroché aux choix graphiques et esthétiques, et pourtant je n'ai rien contre les éléphants roses.
Le second est nettement plus intéressant. God Man Dog est un film dans le genre de Collision, ou de Short Cuts : des gens se croisent sur les chemins de la vie, s'ignorent, se retrouvent, se séparent, se percutent… Impossible de le résumer, sinon en disant que tout tourne finalement autour des hommes, des chiens, et des dieux.
Pour finir, j'ai pu assister à la projection de The Hole. Ce film taïwanais de 1998 relate la rencontre d'une femme avec le locataire du dessus, qu'elle croit responsable de son dégât des eaux. Cette rencontre se fait sur fond de catastrophe millénariste : le passage à l'an 2000 est imminent, et Taiwan est ravagé par une épidémie. Ce n'est pas un film inoubliable, loin de là. Néanmoins, par plusieurs aspects il m'a fait penser à La saveur de la pastèque, et en vérifiant mes sources, je me suis aperçu que ces deux films ont été écrits et réalisé par Ming-liang Tsai. On retrouve le même univers loufoque, les mêmes intermèdes musicaux-kitsch, et la même absence de dialogue. Je pense qu'aucun acteur n'a plus de 20 ou 30 répliques au total. Cela dit, si vous ne devez en voir qu'un des deux, choisissez plutôt La saveur de la pastèque.

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Eau de rose taïwanaise et pingouin volant

Affiche du film Cape n°7Mardi 3 novembre s'est ouvert à Lyon le 15ème festival du film asiatique, organisé par Asiexpo. La programmation est éclectique et la prestation parfois un peu artisanale, mais je n'ai pas été déçu par les deux premiers films que j'ai pu voir. Les filles au cœur tendre iront voir Cape n°7, une comédie romantique taïwanaise qui a fait un véritable tabac dans son pays d'origine. D'un point de vue masculin, c'est un film gentillet sans grandes prétentions. Pour une comédie romantique, Cape n°7 reste un film sympathique. On ne s'y ennuie pas.
Fly penguin est quant à lui une comédie satyrique (ou critique) qui pointe les petits travers de la société et de la culture sud-coréenne actuelle. La réalisatrice appuie là où ça fait mal, et le résultat est à la fois drôle et sensible. On regrettera par contre les conditions de projection assez ubuesques : le film était sous-titré en anglais, et les sous-titres français étaient projetés par dessus. Pas forcément facile à lire…

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