Le Saint Esprit Sportif

Parfois, on peut penser que l'Esprit Sportif, c'est comme le Père Noël : un conte pour enfant avec une connotation moraliste. Au mieux, c'est un vieux concept cacochyme exilé au pôle nord et qui nous visite une fois par an. Si il en ait qui sont médiatisés, voire stigmatisés, pour leur carence en Saint Esprit Sportif, ce sont bien nos amis supporters de foot. Toujours les premiers pour en découdre, ce sont aussi les plus violents et probablement les plus nombreux, tout sport confondu. Si on se livre à un petit test absolument stupide avec google, on remarque par exemple que l'on trouve quelques 5 900 000 résultats pour la requête incident match foot, alors que la requête incident match rugby ne donne que 752 000 résultats.

Ce qu'il y a de bien quand on habite prêt d'une gare dans une grande ville dont le club marche bien, c'est qu'on se trouve aux premières loges pour voir débarquer les neuneux nos amis supporters.
C'est vers la fin de ma sieste dominicale, que je me suis aperçu d'un changement dans la rumeur de la rue. Deux fourgons de police avec grillage façon pare-buffle de 2m50 de haut avaient remplacé le tramway, et un véritable entonnoir policier s'étendait de la gare aux deux fourgons. Il a fallu patienter quelques dizaines de minutes pour savoir ce qu'ils attendaient. Puis, des cris indistincts ont commencé de nous parvenir, venant d'un quai de la gare. À mesure que les trublions se frayaient un chemin vers le corral, le bruit a enflé pour devenir une clameur tout à fait intelligible. C'est au cri de "Lyonnais, enculés" que nos amis supporters sont sorti de la gare, brandissant des banderoles aux slogans fleuris et imagés. On notera que le gros des troupes de tête arborait une coupe de cheveux très (très) courte, entièrement dégagée entre la nuque, le front et les deux oreilles. Le temps que ces turbulents jeunes gens descendent vers nos fonctionnaires assermentés, ces derniers se sont transformés en mannequins pour le salon milipol.

Comme il fallait attendre les retardataires, les premiers arrivés ont du trouver à se distraire. Les plus imbibés d'entre eux ont tout de même pensé à se soulager dans la rue avant de s'amuser avec les autres. On a le sens des priorités chez nos amis les supporters. Finalement, c'est comme un seul homme qu'ils se sont remis à gueuler chanter, tendant convulsivement le bras vers des habitants à leur fenêtre. Parfois, ce simulacre de salut nazi avait le bon goût de se transformer en quelque chose de plus grossier mais nettement plus politiquement correct, la main tendue cédant la place au doigt tendu. Enfin, quand le troupeau a été rassemblé, les deux fourgons ont ouvert la voie en direction du stade, et la transhumance a pu commencer.

Bon match.

edit : lun. 01, quelques corrections stylistiques

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