Serge Brussolo est un auteur intéressant. Je l'ai découvert il y a plus de 10 ans, en dévorant Le Syndrome du scaphandrier. Son univers, un peu Science Fiction mais pas trop, est riche, étrange, sur-réaliste et surtout très centré sur l'humain. C'est particulièrement sensible dans le recueil de nouvelles Trajets et itinéraires de la mémoire qui regroupe des textes du début de sa carrière. Des textes dont certains préfigurent d'ailleurs très fortement des romans ultérieurs comme Le Syndrome du scaphandrier.
Ce recueil de nouvelles fait plonger le lecteur dans des mondes durs, des mondes impitoyables où les protagonistes sont perpétuellement en position de faiblesse. La vulnérabilité est la règle, la nudité un uniforme, celle des corps bien sûr, mais celle des esprits aussi. La pitié n'existe pas, et l'humain est maltraité au fil des pages par des régimes autoritaires absurdes. La où certains voient une déshumanisation je vois plutôt une vision tourmentée de la condition humaine. Serge Brussolo plonge le lecteur dans une version noire, extrêmement fataliste de notre monde soumis à un autoritarisme déviant. La folie est partout dans cette prose mais elle n'est pas gratuite et j'aime à penser que l'auteur y dénonce une sorte d'impuissance face à la bêtise.
Les nouvelles de Trajets et itinéraires de la mémoire ne se valent pas toutes, malheureusement, et j'ai trouvé que les dernières du recueil étaient un peu en dessous des autres. Néanmoins la lecture reste très agréable, et les amoureux de l'étrange, de la folie, y trouveront leur compte. C'est délicieusement dérangeant, ça perturbe et vient titiller certaines peurs ataviques. C'est finalement profondément humain.