Le cerveau est une chose formidable, à tous points de vue. Formidablement complexe et formidablement utile, si on prend la peine de s'en servir, il est le sujet d'un très grand nombre d'études. Nos chères blouses blanches ont d'ailleurs pu déterminer que la vue est le sens qui mobilise le plus de ressources cognitives. L'Homme est donc résolument un animal visuel, et s'en persuader est simple : voyez l'importance cruciale que l'on accorde à l'apparence, parfois au mépris de la raison.
Ceci étant posé, on pourrait penser que l'être humain va s'attacher à cultiver une sorte d'excellence dans les domaines visuels. Il n'en est rien. Le constat que je fais depuis quelques années est que le vulgus se contre-fout de ce qu'on lui met dans la rétine, et incidemment dans le cerveau. Avez-vous remarqué que la majorité des gens qu'on pose devant un écran 16/9ème ne sont même pas capables de voir que l'image est la plupart du temps déformée ? Seule une minorité de chaînes diffusent en permanence des images en 16/9ème. Pour les autres c'est du 4/3 ou un mélange de 4/3 et de 16/9ème suivant le format du programme.
La passivité des gens est absolument saisissante. Les images sur leur écran ont des morphologies improbables, mais qu'importe, ils ne le remarquent même pas. Et le pire dans tout ça (je vous encourage à tenter l'expérience), c'est que si vous réglez un écran 16/9ème pour afficher correctement les émissions en 4/3, son propriétaire a toutes les chances de vous en vouloir ! Non seulement il s'en fout de voir les images dans leur géométrie correcte, mais en prime il déteste ces nouvelles bandes noires qui encadrent l'image à gauche et à droite. Il s'est payé un grand écran pour frimer, il tient à l'utiliser au maximum de sa surface. Passer pour un con est le dernier de ses soucis de toute manière.
Le 3/4 est au web ce que myspace est au 16/9... ou l'inverse ?
Héhé.... bonne analyse, ça sent le vécu :P
Après les fêtes, je serais tenté de croire que tu as un beauf ou quelqu'un d'autre assez proche qui vient de s'offrir une télé ? :D
Joyeux Noël au passage et bonne année !
Olance :
Voir les badauds agglutinés devant les télé 16/9ème pendant les courses de Noël m'a juste remis en tête ce projet d'article. Heureusement, pour l'instant, mon entourage proche est épargné.
Bonne année à toi aussi !
Stef :
MySpace est sur ma liste de cible aussi, mais pour eux il faudra que je prenne mon élan ! (et bonne année au passage ;) )
A propos de cerveau. Il est très courant de se plaindre ou de s’extasier sur le fait que l’on n’utilise qu’une partie minime de notre cerveau.
Je n’avais jusqu’alors accordé que peu de crédit ou d’importance à cette fantastique révélation (en tous les cas, il est de bon ton de la trouver fantastique).
En effet, à quoi bon s’inquiéter de quelque chose d’hypothétique et peut-être d’inaccessible au commun des mortels.
Jusqu’au jour où…considérant que tous les être humains, à quelques exceptions près, sont capables de mobiliser un de leurs sens pour percevoir et identifier les plus fines nuances d’un signal ou d’une information. Tel les experts en œnologie reconnaissant un cru ou un chef d’orchestre saisissant la nuance d’un instrument dans une symphonie, nous sommes tous en effet capables, non seulement de repérer la voix de nos proches dans un concert de blabla, mais également d’identifier un individu au bruit de sa toux, de savoir s’il mâchouille quelque chose lorsqu’il nous téléphone, voir de sentir son humeur.
Tout cela est acquis sans efforts particuliers au cours de l’enfance.
Imaginons que nous puissions bénéficier des stimulations nécessaires à cet apprentissage au même âge pour le goût, l’odorat et l’ouïe, le toucher et la vue, à destination de stimuli aussi variés que l’alimentation, les boissons, les parfums, la musique, la peinture, les textures etc.…
Imaginons que, pour tous ces compartiments de la vie, nous soyons aussi performants que pour la voix de nos proches. Quelle vie, quelle plénitude des sens et quelle intelligence de notre environnement nous pourrions développer !
Tout à coup, je me sens daltonien de la vie.