Dailylit : lire un peu, chaque jour

logo de DailyLitLes gens qui ne lisent pas faute de temps n'ont plus d'excuse valable. Depuis mai 2007, Dailylit se propose de vous envoyer par email, ou par flux RSS, une petite dose de lecture quotidienne. Via un abonnement gratuit, vous avez le choix entre plus de 500 titres du domaine public, essentiellement en anglais, mais aussi en français, italien, espagnol.
J'ai pour ma part choisi de tester Dailylit avec The Time Machine de H. G. Wells. J'ai réglé les préférences pour recevoir un email de taille normale chaque jour vers 14h. Il est possible de sélectionner un format de mail long et plus long, ainsi que les jours de la semaine où l'on souhaite recevoir les feuillets électroniques. The Time Machine est un ouvrage relativement court, il est délivré en 38 morceaux, à raison de 700 à 800 mots par email. Pour les débutants de la version originale ou pour les gens qui n'ont que quelques minutes par jour à consacrer à leur feuilleton littéraire, c'est une quantité raisonnable. Pour les autres, il y a en fin de chaque épisode un lien qui vous permet de recevoir immédiatement l'épisode suivant.

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Sans parler du chien

sans parler du chien - couverture La science fiction qui s'intéresse au voyage temporel s'aventure toujours sur un terrain glissant, les lecteurs de SF étant bien moins prompts à pardonner les erreurs et les incohérences que, disons, les lecteurs des romans de Dan Brown. Néanmoins, Connie Willis s'en tire brillamment avec deux prix Hugo pour deux romans basés sur le voyage dans le temps. Dans Le Grand Livre et Sans parler du chien, Willis nous raconte les aventures d'historiens anglais du Collège Balliol (Université d'Oxford) dans les années 2050. Et, bien que ces deux romans soient tout à fait indépendants l'un de l'autre, il est intéressant de les lire dans l'ordre pré-cité (qui est l'ordre de leur parution en version originale).

Le Grand Livre met en scène le transfert d'une étudiante en histoire au XIVème siècle dans la proche banlieue d'Oxford, au début de l'épidémie de peste noire qui ravagea l'Europe. Difficile de trouver de quoi sourire dans ce roman à la fois sombre et désespéré, où l'héroïne se démène pour alléger les souffrances de ses proches et tenter de regagner son époque. Ce roman est si sombre que finalement le dénouement est ressenti comme un happy end à l'américaine, alors que ce n'est pas vraiment le cas. Les lecteurs uniquement francophones passerons à coté de l'allusion du titre original, Doomsday Book, dont le sens premier est explicité dans le roman, mais qui fait aussi référence au Jugement Dernier. Cela prend toute sa signification dans le récit.

Sans parler du chien est quant à lui bien plus léger. Comme l'expliquent les nombreuses critiques sur Noosfere, il contient des centaines de références à la littérature victorienne. Quoi qu'il en soit, on peut tout à fait se délecter de ce roman sans avoir jamais rien lu d'antérieur à 1920. Et c'est ça qui compte. Les personnages sont bringuebalés avec beaucoup d'humour et d'ironie de kermesse en séances de spiritisme et de bombardements en balades en canot tout en essayant de préserver le continuum contre les paradoxes temporels. Les dialogues décalés, les personnages déphasés par leurs sauts dans le temps, les jeunes filles romantiques et écervelées, le goût de l'ère victorienne pour la décoration surchargée, tout est prétexte à l'humour et à la critique. C'est un roman bien plus complexe que Le Grand Livre, plus drôle, et certainement plus abouti. Même si les deux sont très bons, Sans parler du chien est résolument le meilleur des deux.

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Une vie française

Une vie françaiseJe suis à la frontière de la honte, à la limite de l'humiliation. Moi, le fervent défenseur de la science fiction la plus dure, de l'évasion la plus radicale, j'ai lu un "Roman FNAC", prix Femina 2004, et j'ai aimé ça. Dans Une vie française, Jean-Paul Dubois nous raconte 46 ans d'histoire de France au travers de la vie de Paul Blick. Impossible de résumer ici les aventures de ce Forrest Gump à la française, mais le format du récit n'est pas sans rappeler le film américain. Finalement, la vie de Blick montre comment l'homme est emporté par la roue inflexible du temps, et le découpage des chapitres en mandats présidentiels renforce cette impression. Derrière le nom de Jean-Paul Dubois, tellement franchouillard, tellement banal, se cache un auteur plein de sensibilité et de talent. Son style très fluide, son humour, font d'Une vie française un roman savoureux, extrêmement agréable à lire. Même si j'ai remarqué deux ou trois fois des répétitions incongrues, et qu'arrivé vers la fin j'ai finit par entrevoir les ficelles émotionnelles de la narration, j'ai pris un plaisir réel à lire ce livre. Il m'a fait vivre la France de mes parents, puis revivre la France de ma jeunesse jusqu'à la France du second mandat de Jacques Chirac. Un voyage dans le temps qui se fait avec le sourire aux lèvres presque tout le long.

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Spin

spinRobert Charles Wilson, que jusqu'à présent je ne connais pas, a produit avec Spin un bien bel ouvrage. Comme le souligne d'ailleurs Bruno Para dans sa critique de Spin sur Noosfere, Wilson nous livre ici un vrai prix Hugo. C'est à dire un très bon roman de vraie science fiction, ce que, semble-t-il, le prix Hugo n'avait pas récompensé depuis plusieurs années. Dans Spin, Wilson nous raconte comment l'humanité fait face à ce qui a tout l'air d'être le compte à rebours vers la fin du monde. Au travers de ses personnages très bien travaillés pris dans la tourmente, l'auteur nous livre ses réflexions humanistes sur le sens de la vie, celui de la religion, sur ce qui fait vivre l'Homme, sur ses faiblesses et ses attentes. Il égratigne aussi au passage la politique sécuritaire américaine telle qu'elle s'est développée depuis le 11 septembre 2001, mais sans jamais alourdir le récit par un discours revendicatif.
Le format du roman, son rythme, et la thématique d'un événement révolutionnaire qui va affecter toute l'humanité, ne sont pas sans me rappeler l'Échelle de Darwin de Greg Bear. Mais cette comparaison se fait sur la base de souvenirs lointains, pas forcément représentatifs de la réalité littéraire.
À noter que Spin devrait recevoir une suite, Axis, dans le courant de l'année 2007 (en VO.).

edit : allégement stylistique...

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Miroirs et Fumée

Miroirs et Fumée Hum. Oui, encore du Neil Gaiman, mais j'aime ça. Pas vous ?
Miroirs et Fumée est un recueil de nouvelles, dans lequel Gaiman nous livre de la poésie et des nouvelles de longueur très variable. La plupart des récits sont très sympathiques, à l'image de ses romans, mais les poèmes m'ont paru inintéressants, sans doute en partie à cause de la traduction. La majorité des 31 pièces de ce recueil est d'un bon niveau, ne serait ce que par l'ambiance qu'elles suscitent. Une poignée de ces nouvelles est d'ailleurs très bonne, comme celle qui se cache dans l'introduction du recueil, Chevalerie, Les mystères du meurtre, ou encore Neige, verre et pommes.
Bref, un bon petit bouquin à lire dans les transports ou le soir avant d'éteindre la lumière. Et en cherchant bien, ça peut vous donner une excuse pour ne pas aller voir cette daube de Spider-man 3, c'est vraiment tout bénéf.

edit : pas satisfait de ma prose !

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Le Calculateur : résultat mitigé

Les âmes dans la grande machine J'ai terminé ce week-end le premier tome paru en poche du roman de Sean McMullen, Les âmes dans la grande machine : Le Calculateur. Globalement, ce premier tome est plaisant, suffisamment pour que j'y repense de temps en temps et que je guette la sortie du second. L'action se passe dans un monde post-apocalyptique qui a perdu la maîtrise de l'électricité pour des raisons que le lecteur découvre vers la fin de ce volume.
Les âmes dans la grande machine est résolument un roman d'action, les vies menacées, les voyages périlleux et les combats sont nombreux. On peut sans doute dire que ce roman est particulièrement violent dans les idées qu'il véhicule. La société qu'il décrit est parfaitement inhumaine : la promotion sociale, la justice, tout ou presque se règle à coup de pistolet. Les duels sont légions, les vendettas peuvent être autorisées par un juge, et les carrières se font et défont dans des nuages de poudre et de sang. Si l'esclavage et les enlèvements sont le moyen le plus direct pour atteindre un but, alors on s'y adonne sans retenue. Bref, d'un point de vue uniquement humaniste, ce roman est assez puant. Mais comme mentionné plus haut, c'est un roman d'action, et le décors n'est pas là pour faire réfléchir, il est là pour donner aux héros les moyens de réussir. Je devrais d'ailleurs dire héroïnes, car comme le souligne Jean-Pierre LION dans sa critique des deux tomes, les hommes sont tous des pauvres types, et bien que les femmes soient aussi antipathiques que ces derniers, ce sont elles qui portent la culotte.
Nul doute que Les âmes dans la grande machine sera vite oublié, mais il fait une lecture assez agréable, même si il ne mérite peut être pas deux volumes.

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Neverwhere

Couverture Neverwhere J'ai déjà dit le délice que j'ai eu à lire American Gods de Neil Gaiman. Neverwhere a renouvelé ce plaisir, me prenant presque par surprise. En effet, la lecture de la quatrième de couverture m'avait laissé un goût étrange. D'aucun a lu Le Roi des Rats de China Mieville (tout à fait passable) et Wonderful de David Calvo reconnaîtra dans le pitch de Neverwhere des similitudes troublantes avec les deux bouquins sus-mentionnés. Comment, par exemple, ne pas voir dans les Floatsam et Jetsam de Calvo une parodie volontaire des messieurs Croup et Vandemar de Gaiman ?
Balayons tout cela, Neverwhere est une réussite. C'est un roman, à l'instar d'American Gods, qui regorge d'humour et de personnages archétypaux et décalés. M. Croup et M. Vandemar ont d'ailleurs plus qu'à leur tour torturé mes abdominaux (et sans doute mes voisins) en me faisant rire à des heures indues. La trame du récit est la même quête initiatique du héros malgré lui qui dirige American Gods. Le pauvre mortel plongé jusqu'au cou dans des histoires qui ne le regardent pas fait peut être un peu cliché, mais, servi par Neil Gaiman c'est efficace et cela lui permet d'alimenter son récit avec quelques pincées de nostalgie et de bons sentiments.
Ça se lit vite, et ça laisse un sourire sur la figure.

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American Gods

American GodsN'en déplaise à l'éditeur, American Gods n'est peut être pas le chef d'œuvre qu'il vante par l'imposant bandeau rouge de sa couverture. C'est néanmoins un livre extrêmement plaisant qui n'est pas sans me rappeler les Date d'expiration et autres Poker d'âmes de Tim Powers. La grosse différence entre ce roman de Neil Gaiman et ceux de Powers, c'est probablement que le premier fait preuve de clarté là où le dernier s'attache à rester énigmatique, et presque brouillon. Le style de Gaiman, sa manière de raconter l'histoire incite le lecteur à se laisser porter sans se poser plus de questions que le personnage principal. Le foisonnement de l'histoire, des personnages, les mélanges de rêves et réalité n'est même pas déroutant. Peut être pénalise-t-il un peu l'histoire en dispersant la narration là où elle aurait pu être plus concentrée et approfondie ? Je chipote. American Gods est vraiment une bonne lecture, pleine d'humour, à mettre entre toutes les mains des amateurs de fiction contemporaine onirico-mythologique.

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